Le monde du travail post-Covid est en pleine transformation. Et cette mutation a un langage : ghosting, rage applying, quiet quitting, career cushioning… Autant de nouveaux termes venus du monde anglo-saxon qui révèlent, derrière leur apparente légèreté, une crise plus profonde de l’engagement professionnel.
Quand les mots révèlent les maux du travail
Dans le nouvel épisode de Jobnews by Indeed, Jean-Baptiste Vennin reçoit Éric Gras, expert du marché de l’emploi chez Indeed, pour décrypter le sens et les causes de ces comportements émergents.
Le constat est clair :
➡️ 60 % des salariés dans le monde se disent psychologiquement déconnectés de leur travail (Gallup)
➡️ 61 % des 18-34 ans se forment en parallèle, en prévision d’un changement de poste (PWC Future of Work)
Quiet quitting, career cushioning, rage quitting… ces expressions sont devenues virales car elles mettent des mots simples sur des réalités complexes : fatigue mentale, perte de sens, besoin de se protéger, anticipation du risque.
“Ce ne sont pas des attitudes paresseuses. Ce sont des stratégies de survie face à un monde du travail instable.” – Éric Gras, expert emploi chez Indeed
Le career cushioning : prudence ou trahison ?
Parmi ces nouveaux comportements, le career cushioning intrigue particulièrement. Il désigne le fait de se préparer discrètement à une alternative professionnelle (formation, veille, réseau) tout en restant en poste.
Un phénomène qui questionne :
✔ Est-ce une trahison silencieuse ou une forme d’intelligence du risque ?
✔ Est-ce un désengagement ou une nouvelle posture plus adulte et équilibrée ?
✔ Comment les entreprises peuvent-elles réagir sans tomber dans le contrôle excessif ?
Une loyauté redéfinie
Ces nouveaux mots du travail montrent surtout une chose : la loyauté professionnelle est en train de se transformer. On ne veut plus se sacrifier pour une entreprise. On veut un contrat plus équilibré, plus réciproque.
Résultat :
✔ Les salariés restent… mais se projettent ailleurs
✔ L’engagement est conditionné à la reconnaissance et à l’équilibre
✔ La carrière devient modulaire, non linéaire, parfois parallèle
Les signaux faibles à ne pas ignorer
L’erreur serait de croire que ces comportements restent marginaux. Au contraire, ils se banalisent dans tous les secteurs (tech, santé, éducation, marketing) et concernent toutes les générations – même si les jeunes y recourent plus ouvertement.
Pour les RH, il est temps :
🔹 D’écouter ces signaux faibles (retrait, veille active, refus d’évolution)
🔹 De créer des espaces de parole sans tabou
🔹 De favoriser l’employabilité partagée, y compris quand elle mène à une mobilité externe
🔹 De transformer les entretiens professionnels en vrais moments d’échange sur les aspirations
Et si le career cushioning devenait un levier RH ?
Paradoxalement, accepter qu’un salarié pense à la suite, c’est parfois le meilleur moyen de le garder. Une entreprise qui valorise la projection, l’évolution – même externe – renforce sa marque employeur, sa crédibilité… et sa capacité à fidéliser.
🛠 Cela passe par :
• Des parcours internes évolutifs
• Des formations transverses
• Des dispositifs d’offboarding bienveillants
• Une culture du boomerang (le salarié qui revient)
La vérité, plutôt que les faux-semblants
Ces anglicismes qui circulent sur LinkedIn ne sont pas que des buzzwords. Ils traduisent une recherche de vérité au travail : poser ses limites, exprimer ses doutes, reprendre le pouvoir, sans forcément claquer la porte.
👉 La transparence ne tue pas l’engagement. Elle peut au contraire lui redonner du sens, si elle s’accompagne d’écoute, de confiance et de responsabilité partagée.
🎧 Écouter l’épisode : Jobnews by Indeed – Career cushioning, quiet quitting…Les nouveaux comportements au travail ont un nom
→ Disponible sur Spotify, Deezer, Apple Podcasts, Amazon Music et toutes les plateformes.