
Jean-Baptiste Vennin
Redacteur en chef Jobradio

Alexandre Judes
Économiste Hiring Lab - Indeed
17min
En 2025, la mobilité professionnelle au-delà des frontières ralentit… sauf en France. C’est le paradoxe que décrypte Alexandre Judes, économiste au Hiring Lab d’Indeed, invité du dernier épisode de Jobnews by Indeed.
Alors que la plupart des grands marchés voient baisser les candidatures venues de l’étranger, la France attire, résiste… et intrigue.
Une dynamique mondiale en perte de vitesse
À la sortie de la pandémie, la mobilité internationale s’était redressée. Mais depuis 2023, le phénomène s’érode dans la majorité des pays. En cause :
➡️ Un ralentissement conjoncturel sur les marchés de l’emploi
➡️ Une hausse des incertitudes géopolitiques
➡️ Des politiques migratoires de plus en plus restrictives
Dans ce contexte, la France fait figure d’exception : « C’est aujourd’hui le seul grand marché où la tendance continue à augmenter », analyse Alexandre Judes.
La France, une terre d’opportunités… en présentiel
Pourquoi la France attire-t-elle toujours plus de clics venus de l’étranger ? La réponse est à chercher du côté des métiers essentiels et en tension :
✔ Maintenance et réparation
✔ Restauration
✔ Transport routier
✔ Vente et logistique
Des secteurs où l’offre reste forte et où les postes ne trouvent pas toujours preneurs localement. Résultat : les candidatures étrangères y sont plus nombreuses qu’ailleurs.
« Ce sont des emplois résilients à la conjoncture. Ils restent recherchés, y compris dans des périodes incertaines. »
Le numérique, grand perdant de la conjoncture
À l’inverse, certains secteurs comme le développement informatique subissent une correction post-crise. Offres en baisse, recrutements gelés… Les métiers tech ne sont plus les moteurs de la mobilité internationale qu’ils étaient en 2021.
Les pays anglo-saxons – États-Unis et Royaume-Uni en tête – en ressentent les effets plus fortement que la France, du fait de leur dépendance accrue aux profils tech internationaux.
Maroc, Tunisie, Belgique : les pays qui postulent en France
En analysant les données d’Indeed, plusieurs pays émergent comme contributeurs majeurs des clics vers les offres françaises :
🇲🇦 Maroc (10 %)
🇹🇳 Tunisie (6 %)
🇧🇪 Belgique (8 %)
🇺🇸 États-Unis (6 %), souvent via des expatriés ou des étudiants
La saisonnalité joue aussi son rôle, avec un pic marqué des recherches en été – notamment pour les emplois saisonniers.
Un défi pour les RH : attirer… et intégrer
Si cette tendance représente une opportunité pour les recruteurs français, elle pose aussi un défi d’intégration. Car embaucher à l’international, ce n’est pas seulement publier une offre : c’est adapter son management, sa communication, sa culture d’entreprise.
« La qualité du management reste un levier sous-estimé. Trop vertical, trop rigide : le modèle français déroute parfois les talents étrangers. »
Repenser l’attractivité au-delà du salaire
Pour rester compétitive, la France doit valoriser ce qui fait sa force :
✔ Qualité de vie
✔ Système de santé
✔ Infrastructures
✔ Culture et stabilité sociale
Des atouts que les RH gagneraient à intégrer davantage dans leurs stratégies de recrutement et leurs communications marque employeur.
Vers une mobilité choisie, et mieux accompagnée
La mobilité internationale n’est pas morte. Elle change de forme. Moins spontanée, plus réfléchie. Moins tech, plus terrain. Moins linéaire, plus contextuelle.
Pour les entreprises françaises, le moment est donc idéal pour :
🔹 Valoriser les parcours professionnels atypiques
🔹 Encourager la diversité dans les recrutements
🔹 Transformer l’accueil des talents étrangers en levier d’innovation
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📊 Plus d’infos sur les études citées dans l’épisode : hiringlab.org
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