
Jean-Baptiste Vennin
Redacteur en chef Jobradio

Alexandre Judes
Économiste Hiring Lab - Indeed
17min
En surface, le marché de l’emploi français semble bien résister. Le taux d’activité atteint un record historique, et le chômage devrait osciller entre 7,8 % fin 2025 et 7,4 % fin 2026. Mais derrière cette résilience apparente, les fragilités s’accumulent.
C’est ce que décrypte Alexandre Judes, économiste au Hiring Lab d’Indeed, dans le dernier épisode de Jobnews by Indeed.
Résilience en trompe-l’œil
Les données d’Indeed montrent une stabilisation du volume d’offres d’emploi, encore supérieur de 23 % à son niveau de 2020. Pourtant, de nombreux postes restent non pourvus. Certains métiers affichent même des hausses de plus de 100 % d’offres… sans trouver preneur.
« Le marché semble tenir, mais il y a une vraie difficulté à pourvoir certains emplois. »
En cause : un manque de candidats, des profils inadéquats, et une inadéquation entre conditions de travail et attentes des salariés.
Métiers essentiels en tension, tech en recul
Parmi les secteurs les plus sous tension cet été :
✔ Santé, soins et puériculture
✔ Services à la personne
✔ Nettoyage
✔ Médecine et thérapies
Des métiers peu télétravaillables, aux horaires souvent contraignants, et marqués par une faible attractivité salariale.
À l’inverse, d’autres secteurs déclinent :
🚫 Informatique : -20 % d’offres par rapport à 2020
🚫 Industrie manufacturière
🚫 Marketing et communication
Un phénomène lié à une correction post-crise, à l’impact de l’IA sur les métiers juniors, et à la difficulté pour l’économie française à retrouver des gains de productivité.
Salaire, transparence… et plafond de verre
La hausse des salaires ralentit : autour de +2 % en 2025, bien loin des +5 % de 2023. En parallèle, la transparence salariale progresse doucement (1 offre sur 2 mentionne un salaire), avec un effet direct : +40 % de clics en moyenne sur ces annonces.
Mais au-delà des salaires, c’est la capacité du marché à s’adapter qui est en jeu.
« Il faut travailler sur l’orientation, la formation, mais aussi sur le logement et le management. »
Emploi et logement : des destins liés
Beaucoup de métiers en tension (infirmiers, serveurs, policiers…) se situent en centre-ville, là où le logement est inaccessible. Résultat : des postes vacants, faute de candidats pouvant se loger à proximité.
Pour Alexandre Judes, il est urgent de repenser le lien entre emploi et logement : via des politiques publiques adaptées ou des incitations côté employeurs.
Un contexte international à double vitesse
Comparée à ses voisins, la France résiste mieux :
🇫🇷 France : +23 % d’offres depuis 2020
🇬🇧 Royaume-Uni : en dessous du niveau pré-Covid
🇪🇸 Espagne / 🇮🇹 Italie : entre +50 et +60 %
Les États-Unis, eux, ont réussi un atterrissage en douceur : baisse de l’inflation, ralentissement des offres… sans hausse du chômage.
Mais l’Allemagne, très dépendante du gaz russe et des exportations, subit de plein fouet les effets de la guerre en Ukraine.
Quelles perspectives pour les mois à venir ?
Selon Alexandre Judes, la tendance à la normalisation va se poursuivre. Moins d’offres, mais un chômage encore faible… pour l’instant.
Le risque : une stagnation durable, voire une remontée progressive du chômage à l’horizon 2029-2030 si aucune réforme structurelle n’est menée.
Comment rester attractif pour recruter ?
Pour les entreprises, quelques leviers-clés :
🔹 Travailler sur la qualité du management
🔹 Offrir des avantages concrets (logement, flexibilité)
🔹 Valoriser les compétences transversales
🔹 Reconnaître le travail accompli
« Un collaborateur écouté, impliqué dans les objectifs, devient plus productif. »
🎧 Écouter l’épisode complet :
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📊 Plus d’infos : hiringlab.org
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