Jean-Baptiste Vennin
CEO Soound - Redchef Jobradio
Éric Gras
Expert marché de l'emploi - Indeed
19min
Le monde du travail traverse une période mouvementée, marquée par des difficultés de recrutement et des incertitudes économiques et politiques. Dans ce contexte, Indeed, a récemment publié une étude en collaboration avec Opinionway, intitulée “Valeurs Travail et Mobilité des Actifs Français”.
Une enquête qui vise à sonder les perceptions et les attentes des travailleurs français, offrant ainsi un éclairage précieux sur leur état d’esprit.
Un contexte économique incertain
Les salariés font face à l’inflation galopante et une réduction significative de leur pouvoir d’achat. Ces enjeux économiques, associés à des préoccupations environnementales et à des incertitudes politiques, influencent considérablement les perceptions des actifs sur le marché du travail.
Les préoccupations majeures des Français
L’étude a révélé que les préoccupations des Français sont variées, mais certaines thématiques reviennent de manière récurrente :
L’inflation et la baisse du pouvoir d’achat : Près de 60 % des répondants ont cité ces enjeux comme étant leurs principales inquiétudes. Cette réalité souligne l’impact économique direct sur la vie quotidienne des travailleurs.
Les enjeux environnementaux : Avec 39 % de répondants préoccupés par cette question, il est clair que la durabilité et l’écologie deviennent des préoccupations de plus en plus importantes pour les travailleurs français.
L’insécurité mondiale et l’instabilité politique : Ces facteurs, cités par 34 % des participants, montrent que les actifs s’inquiètent des répercussions globales sur leur travail et leur carrière.
La baisse de la protection sociale : Enfin, 33 % des répondants se disent inquiets de la dégradation des systèmes de protection sociale, ce qui reflète une anxiété face à la sécurité de l’emploi.
La perception du marché de l’emploi
L’humeur des salariés vis-à-vis du marché de l’emploi est globalement pessimiste. En effet, 63 % des sondés ont une vision plutôt négative de l’avenir du marché, ce qui peut être attribué aux incertitudes économiques et aux défis cités précédemment. Cependant, paradoxalement, 52 % des participants se déclarent optimistes quant à leur propre avenir professionnel, soulignant une dissociation entre la perception générale et les attentes personnelles.
Les inquiétudes financières
Les préoccupations financières sont omniprésentes. Près de 40 % des Français craignent de ne pas gagner assez d’argent pour subvenir à leurs besoins. Cette inquiétude est particulièrement marquée chez les travailleurs indépendants et les jeunes de moins de 35 ans, qui font face à un marché du travail en évolution rapide.
Épanouissement professionnel et qualité de vie
L’épanouissement professionnel est une autre thématique centrale de l’étude. Environ 37 % des travailleurs s’inquiètent de perdre en qualité de vie au travail. Ils redoutent également de perdre leur motivation et de s’ennuyer dans leurs tâches quotidiennes. Ces sentiments reflètent un besoin croissant d’un environnement de travail stimulant et gratifiant.
L’acceptation du risque professionnel
Malgré un climat général d’inquiétude, un aspect intéressant de l’étude est la disposition des travailleurs à prendre des risques dans leur carrière. Près de 50 % des actifs se disent prêts à franchir le pas, et ce chiffre atteint même 61 % chez les travailleurs indépendants. Cela montre une volonté d’adaptation et de recherche de nouvelles opportunités, même dans un contexte difficile.
Les craintes liées à l’allongement des carrières
Un autre sujet abordé par l’étude est l’inquiétude quant à l’âge de départ à la retraite. Environ 75 % des actifs s’inquiètent de cet enjeu, une préoccupation particulièrement forte chez les femmes, les jeunes de moins de 35 ans et les catégories socioprofessionnelles populaires. Cette angoisse souligne une inquiétude latente quant à la stabilité future des retraites et des droits sociaux.
Les attentes en matière de retour à l’emploi
Les Français semblent également avoir des idées précises sur la manière dont les politiques publiques devraient favoriser le retour à l’emploi. Ils privilégient des mesures comme la formation et des incitations plutôt que la réduction des indemnités chômage. En outre, 68 % des répondants soutiennent l’idée de travaux d’intérêt général pour les chômeurs de longue durée, tandis que 64 % sont favorables à des sanctions pour les demandeurs d’emploi qui refusent des offres pertinentes.